Non, la drague n'est pas morte avec le COVID-19
Les Français ont tous été plus imaginatifs les uns que les autres pour continuer à conter fleurette même lors de la pandémie. Comment on drague au temps du coronavirus ?
Alors que le confinement et la crise sanitaire ont tout de suite rimé avec solitude dans l’esprit des amoureux du monde entier, il a fallu très rapidement en tirer le positif. Qui dit solitude dit envies et désirs qui surgissent. Plus de verres en terrasse, plus de petits restaurants, moins de temps passé dans les transports. Seul, on redécouvre son corps, ses fantasmes et même parfois de nouvelles pratiques. Mais les plaisirs solitaires, ça va bien cinq minutes, surtout quand on tourne en rond chez soi. On serait tenté(e) d’appeler un ancien compagnon de lit mais notre fierté n’est pas encore tombée aussi bas. Peut-être, la drague et covid ne font pas bon ménage ?
Seul, on redécouvre son corps, ses fantasmes et même parfois de nouvelles pratiques.
Les risques sont moindres (on peut lire un texte sur sécurité en ligne ici), pas besoin de devoir prendre un verre avec quelqu’un qui ne nous plaît pas vraiment ou de devoir faire la conversation alors que chacun sait déjà ce qu’il attend de la relation. Qui n’a jamais rêvé d’accélérer les règles de bienséance pour aller directement droit au but ? Depuis que les amoureux du monde entier sont confinés, les sites de rencontres ne se sont jamais aussi bien portés.
Marie, Parisienne de 23 ans, avait pour habitude de croiser ses conquêtes dans des bars ou dans la rue mais elle a décidé de s’inscrire sur quelques sites de rencontre il y a quelques mois : « J’ai toujours été un peu vieux jeu, je n’ai jamais su quoi dire sur les applis de rencontre mais j’en avais vraiment marre de ne plus voir personne alors j’ai passé le cap. » L’étudiante a rapidement trouvé quoi dire par message et a transformé les longues conversations allant du « ça va ? » au « tu fais quoi dans la vie ? » en des messages plus coquins (si tu as besoin du guide de sexting, vois-la). Elle est persuadée qu’en temps normal elle n’aurait jamais été amenée à avoir ce genre de discussion avec des inconnus. « Personne ne pouvait se voir du coup c’est devenu beaucoup plus simple de pouvoir parler de sexe avec des inconnus, c’était le seul moyen de tirer un coup en quelque sorte » raconte-t-elle en riant. Fini les clichés des filles qui se doivent d’être prudes dans leurs messages, pour ceux ou celles qui n’osaient pas, la distance et l’anonymat de certaines applications de rencontre ont permis de se libérer. J’ai toujours été un peu vieux jeu, je n’ai jamais su quoi dire sur les applis de rencontre , mais j’en avais vraiment marre de ne plus voir personne alors j’ai passé le cap.
C’est aussi le cas de certains hommes comme Yann, 30 ans, Strasbourgeois qui reprochait justement aux sites réservés aux gays de se contenter de photos et de date de rendez-vous. « Je me suis beaucoup rapproché d’un mec en particulier durant le confinement D’habitude si la photo matchait, on se donnait rendez-vous chez l’un où chez l’autre pour faire notre affaire mais là vu qu’on s’ennuyait un peu et qu’on ne pouvait pas se rencontrer, on s’est parlé et ça a rajouté du piment à la relation. J’en suis le premier étonné. » Les deux hommes ont pris le temps de se connaître, de se raconter ce qui leur plaisait au lit avant de finir par s’appeler plusieurs fois en visio pour s’amuser à distance. Un plaisir décuplé pour Yann. « On ne s’était jamais rencontré en vrai et on s’était pourtant plus parlé qu’avec n’importe quel plan cul habituel, c’était dingue. Il y avait une complicité, une excitation et une certaine gêne dans le fait de faire l’amour virtuellement que je n’avais jamais encore ressenti. » À la fin du confinement, Yann a rencontré, pour de vrai cette fois, ce garçon qui finalement est devenu plus qu’un plan cul. Les deux hommes ont trouvé l'amour au temps du coronavirus et sont en couple depuis presque un an maintenant. Comme quoi les règles de distanciation, ça rapproche !
On ne s’était jamais rencontré en vrai et on s’était pourtant plus parlé qu’avec n’importe quel plan cul habituel, c’était dingue. Il y avait une complicité, une excitation et une certaine gêne dans le fait de faire l’amour virtuellement que je n’avais jamais encore ressenti.
C’est vrai que quand on pense au nu masculin, on imagine surtout une horrible photo de bite dans une salle de bain. En voyant les qualités de mes photos, mon copain a vu ça comme un défi et a commencé à lui aussi se mettre en scène pour nourrir nos fantasmes
Et les célibataires n’ont pas été les seuls à découvrir comment flirter en respectant la distanciation sociale et le sexe à distance. Durant cette pandémie, beaucoup de couples se sont retrouvés séparés l’un de l’autre. L’occasion de se réapproprier son corps, d’en être fière et de ne plus en avoir honte pour Imène qui n’avait jamais encore osé envoyer de photos d’elle dénudée. « Je suis un peu ronde et je demandais toujours à mon copain d’éteindre la lumière quand on faisait l’amour. Mais avec le confinement, on ne pouvait plus se voir, on était dans des villes différentes, du coup on a dû trouver des solutions. » Le couple est passé par une application qui permet de stocker en toute sécurité des nus sans pouvoir télécharger les photos afin d’éviter tout revenge porn. La jeune femme s’est pris au jeu et a commencé à créer des décors plus travaillés les uns que les autres pour ses photos de charme. Tissus à accrocher sur le mur pour un fond coloré, lingerie et même trépied, elle n’a pas hésité à investir pour réaliser ses clichés. Une nouvelle pratique qui a poussé son conjoint à aller au-delà de la fameuse dickpick. « C’est vrai que quand on pense au nu masculin, on imagine surtout une horrible photo de bite dans une salle de bain. En voyant les qualités de mes photos, mon copain a vu ça comme un défi et a commencé à lui aussi se mettre en scène pour nourrir nos fantasmes » raconte Imène (un petit guide de comment prendre les nudes séduisant) . Résultat le couple en sort non seulement plus renforcé mais surtout plus imaginatif. Ils préfèrent toujours se voir sous la couette mais après avoir essayé le sexe à distance, les deux ne peuvent plus s’en passer et s’organisent régulièrement des soirées intimes en visio pour pimenter leur quotidien qui a évidemment bien changé depuis le début de cette crise.
La pandémie de Covid-19 a bouleversé nos relations, nos couples, notre sexualité et notre vie en général. Les techniques de drague s'adaptent au Covid-19. Chacun a su se remettre en question et surtout faire preuve de la plus grande ingéniosité possibles pour continuer à fricoter et s’amuser. Et étonnamment, ce plaisir n’a fait que se décupler avec ce besoin de rencontre qui a cru ces derniers mois. Alors oui, il est évident qu’en ce moment un match sur une application de rencontre ne se traduit plus forcément par une rencontre et une nuit blanche immédiate mais c’est aussi l’occasion d’apprendre à se connaître, faire connaître ses désirs, s’exciter à distance, se perfectionner en sexting et photos de charme, avant d’avoir enfin l’occasion de pouvoir s’enfermer à deux pour autre chose que le confinement…